mercredi 13 août 2014 à 9h30
Audacia, ex Entraide Sociale Poitevine, assigne le Dal86 en référé et cite ses membres fondateurs au TGI pour diffamation
Droit Au Logement Vienne (86)
Après la Croix Rouge qui avait essayé il y a un an de contrecarrer la dénonciation de la politique agressive de démolition des personnes, des couples et des familles mise en place par les pouvoirs publics et les associations qui sont sous leur coupe afin de les forcer à partir de Poitiers, en envoyant un droit de réponse à un article publié par le Dal86 sur son site, c'est au tour aujourd'hui d'Audacia d'attaquer en assignant le Dal86 en référé et le citant au TGI pour diffamation.
L'action de la Croix Rouge s'étant révélée vaine et plutôt contre productive puisque sa demande de droit de réponse avait provoqué une très longue mise au point dans laquelle toutes les explications avaient été apportées très précisément et que les salariés de la Croix Rouge avaient modéré voire arrêté leurs agissements, Audacia tente une autre manœuvre.
Procès les 13 et 14 août prochains respectivement à 9h30 et 14h. Merci de venir nombreux et d'en parler massivement autour de vous.
Les propos incriminés par Audacia sont les suivants : « Rappelons quand même que devant l'augmentation du nombre de demandeurs d'asile déboutés qui refusaient de quitter leur logement CADA, les travailleurs « sociaux » menaçant de perdre leur sang-froid, de commettre des expulsions musclées et de changer les barillets des portes, la préfète Elisabeth Borne herself a été contrainte cet été de se déplacer chez Audacia pour leur préciser que c'était illégal !
Mais les maltraitances, les pressions, les menaces, les intimidations et les chantages des travailleurs « sociaux » d'Audacia ont eu raison de la résistance de Marina et l'on contrainte à la fin à quitter son logement. [...]
Concernant l'expulsion de Marina de son logement CADA, rappelons que le Conseil d'Administration d'Audacia a envoyé un courrier officiel à la fin de l'année 2013 à la préfète pour l'informer qu'ils ne feraient plus de zèle pour expulser les demandeurs d'asile déboutés de leur logement CADA.
Il paraît que les salariés d'Audacia ont mal vécu la présence d'un militant du Dal86 venu accompagner un couple de demandeurs d'asile déboutés qu'ils voulaient expulser de leur logement CADA avec les mêmes méthodes que pour Marina ».
Malgré quelques approximations et une erreur de détail que nous corrigerons en temps voulu, les propos tenus restent fondés.
Qui peut nier que sur Poitiers comme dans toute le France les migrants particulièrement ceux qui sont en situation irrégulière sont maltraités, harcelés, intimidés afin de les dissuader de rester à Poitiers ou dans les autres villes et en France. Devant les grosses difficultés qu'ils ont à expulser, seulement 4700 expulsions en 2013, les pouvoirs publics utilisent des méthodes délétères pour faire partir les gens d'eux-mêmes ?
Qui peut nier que tous les CADA de France étant soumis aux pressions des préfectures, leurs travailleurs sociaux sont inéluctablement amenés à leur tour des « pressions, des menaces, des intimidations et des chantages » pour contraindre les déboutés du droit d'asile « à la fin à quitter leur logement » Comme l'écrit Carolina Kobelinsky, dans l'article « Faire sortir les déboutés ». Gestion, contrôle et expulsion dans les centres pour demandeurs d'asile en France, publié dans Cultures et conflits, février 2009 :
« « Faire sortir les déboutés », c'est-à-dire les expulser du centre de manière plus ou moins forcée, fait partie du « sale boulot » que les travailleurs sociaux doivent accomplir et qui, d'après la définition donnée par Everett Hughes, correspond à des tâches qui sont physiquement dégoûtantes ou qui symbolisent quelque chose d'humiliant et de dégradant pour la personne. Ou encore, pour reprendre les termes de Christophe Desjours, il s'agirait de l'enrôlement des braves gens dans « le mal » comme système de gestion, le « mal » conçu comme la tolérance et la participation à l'injustice et à la souffrance infligée à autrui.
« Ils vont être contraint de quitter les centres manu militari, je ne sais pas concrètement comment ça va se faire mais dans les textes c'est possible […]. Et nous dans tout ça, je pense qu'on va basculer vers… on n'est plus dans l'humain. On va être des interlocuteurs des agences de voyages. [changeant la voix : ] T'es congolais, attend j'appelle l'ANAEM et on fixe une date pour le départ. Je vais venir habillé en gendarme. » (entretien avec Estelle intervenante dans un CADA, 30 novembre 2007)
L'image du gendarme qu'évoque cette intervenante synthétise l'abandon des principes du travail social ainsi que la dégradation du métier. Non seulement les travailleurs sociaux sont soumis à une logique administrative, mais ils sont également des agents participant à une logique de contrôle. Bien entendu, il ne s'agit pas là d'une nouveauté qui apparaît avec le durcissement des mesures de sortie du CADA, mais il semblerait que ces dernières viennent rendre visible et inéluctable une réalité souvent refoulée par les intervenants. Si, pour ces professionnels, les « sorties » constituent un véritable dilemme, elles sont pour l'observateur des moments exemplaires où se cristallisent des tensions multiples entre les divers acteurs du confinement. Estelle nous donnait ainsi son avis sur ce que l'on appelle, au sein de l'équipe du CADA, une « sortie problématique » :
« [L'association] n'a pas de discours, et s'il y a un discours c'est de dire, "les déboutés, vous dégagez sinon on vous met un procès au cul". Il s'est trouvé à un moment donné qu'on avait beaucoup, beaucoup de déboutés, pour plein de raisons, parce que les collègues n'ont pas fait leur travail au moment où il fallait, c'est pas un jugement de valeur, hein, je veux dire, il y a des… ils n'ont pas pu faire, ils n'ont pas pu, le président n'a pas pu, bon, pour X raisons on s'est trouvé avec plein de déboutés et parce qu'on avait la DDASS derrière, et parce que les lois ont changé et puis parce que… [l'association] aurait pu dire, comme ça a été le cas dans certains CADA, "nous, nous gardons les déboutés". Il y a des foyers qui ont dit ça. Quand [le président de l'association] a su qu'il hébergeait des clandestins et quand il a su qu'il pouvait être condamné […] c'est de la lâcheté citoyenne. Et puis il y a un manque évident de militantisme. » (Entretien avec Estelle, intervenante dans un CADA, 26 décembre 2005). »
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Source : message reçu le 21 juillet 00h