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jeudi 12 mars 2020 à 10h

Rassemblement contre la représsion dans l'éducation nationale

Mardi 10 mars à 9h au rectorat de Poitiers, rassemblement de soutien aux collègues enseignants de Melle, convoqués pour leur mobilisation contre la réforme des retraites et les E3C.

⚡⚡⚡URGENT 3 COLLEGUES DE MELLE MOBILISÉS CONTRE LES E3C ET LE BAC BLANQUER MENACÉS D'UNE PROCÉDURE DISCIPLINAIRE ! TOUTES ET TOUS EN GRÈVE LE MARDI 10 MARS, 1ER JOUR DE CONVOCATION, ET EN RASSEMBLEMENT DEVANT LE RECTORAT DE POITIERS À 9H ET PARTOUT EN FRANCE DEVANT NOTRE RECTORAT OU NOTRE DSDEN POUR OBTENIR L'ABANDON DES POURSUITES DISCIPLINAIRES POUR LES 3 DE MELLE ! ⚡⚡⚡

👉SUITE A L'APPEL DE L'INTERYNDICALE 79 ET DE LA COORDINATION NATIONALE EDUCATION, UN RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN EST ORGANISÉ LE MARDI 10 MARS À 9 H DEVANT LE RECTORAT DE POITIERS

Des hébergements militants sont possibles pour les collègues des autres académies ( contacter aliaexs.novich@gmail.cexom )

👉LA COORDINATION NATIONALE ÉDUCATION 1er 2nd DEGRÉS DU 15/02 APPELLENT LES COLLÈGUES PROCHES À SE RENDRE À POITIERS ET POUR LES AUTRES À ORGANISER PARTOUT AILLEURS DES RASSEMBLEMENTS DE SOUTIEN À LA MÊME DATE DEVANT NOS RECTORATS ET DSDEN !

🔴 LE COMMUNIQUÉ DES COLLÈGUES DE MELLE :

La répression est en marche :
On ne saurait jamais réellement prévoir jusqu'où un rapport de force peut nous mener : n'importe quel militant syndical ou politique le sait bien. Les logiques de surenchères peuvent finir par endurcir les caractères au point de surprendre ceux-là même qui, au jour le jour, constatent leur propre métamorphose, comme celles de leurs collègues. Untel, jusqu'ici plein de légèreté devient un dangereux agitateur ; un autre, apprécié de tous pour son dévouement envers ses collègues et ses élèves devient quant à lui, un « collabo ». D'autres se fondent dans les murs, effrayés par le durcissement du ton de tous ceux qui se font entendre.
Tout le monde se positionne, pour beaucoup sans réellement le savoir ou le vouloir. Contrairement aux allégations de notre ministre, la mobilisation que nous portons tous n'est pas le fait de militants chevronnés qui auraient pour seules intentions de détruire les institutions de l'Etat. Beaucoup d'entre nous sont des militants de « circonstances », et ne font que réagir comme ils le peuvent à la violence quotidienne qu'ils subissent sur leur lieu de travail ; n'oublions pas que pour nombre de nos collègues, la lutte ne se nourrit que de désespoir. Indignons-nous de cet état de fait, et commençons à nous protéger les uns les autres pour faire cesser les drames qui se produisent (Christne Renon, Jean Willot...).
Au Lycée Joseph Desfontaines de Melle (Deux-Sèvres,79, académie de Poitiers), nous avons payé cher notre mobilisation contre les E3C. Les pressions, de la part de nos IPR, du rectorat, de notre administration ont conduit 15 de nos collègues (sur un effectif total qui comprend environ 55 enseignants) à se mettre en arrêt maladie en l'espace d'un mois. En salle des professeurs, dans les couloirs, dans les salles de classe, l'air y était devenu étouffant. L'usure a eu raison d'eux, mais surtout, aucun d'entre eux ne voulaient avoir à endosser le rôle de l'agitateur despotique, du collabo ou du fantôme, seules alternatives qui leur étaient proposées. De plus, nous ne comptons plus les élèves et leurs parents en larmes, victimes, malgré eux, d'un rapport de force qui les dépasse. Chez nous, ils ont dû composer l'intégralité de leurs épreuves, le même jour (7h20 d'épreuves pour certains !), dans un lycée vidé de ses enseignants, entièrement cadenassé par les forces de l'ordre. Que leur fait-on ici comprendre sinon que leurs enseignants représentent une menace à l'ordre public ?
Rendez vous compte ! Notre ministère a réussi à instaurer en nous un doute tenace : après tout, toutes ces grèves, toutes ces actions ne font-elles pas de nous des agitateurs ? Finalement, les choses ne se seraient-elles pas passées dans le calme si nous avions fait preuve d'un peu plus de bonne
volonté ? Ne sommes-nous pas, en fin de compte, des intégristes, des réactionnaires fermés à tout changement comme on nous le fait si souvent comprendre ? Et si notre droit de grève et de manifestation débordait sur notre devoir de réserve ?
Nous sommes pris au piège de barrières mentales et symboliques qui n'ont que pour seule et unique source l'inconscient collectif du corps enseignant ; inconscient que nourrit à dessein l'Education Nationale à coup de culpabilisation et de mauvaise conscience. Il n'existe pas de devoir de réserve pour les enseignants ; nous sommes seulement tenus à un principe de neutralité et de laïcité lors de l'exercice de nos fonctions. Une fois notre service terminé, nous redevenons des citoyens comme les autres, libres s'ils le souhaitent de manifester leur opposition à une réforme par tous les moyens que leur offrent la constitution et le droit. Le mythe de la vocation est si bien ancré en nous que nous avons fini par oublier que nous ne nous résumons pas à une simple fonction. L'homme de vocation endure tout, quoi qu'il en coûte, quelles que soient les violences qui lui sont faites ; il est esclave de sa condition. Comment pourrions-nous encore parler de nos fonctions émancipatrices auprès de nos élèves lorsque nous acceptons nous-mêmes de nous laisser emprisonner dans de tels carcans ? Ça suffit, sortons de notre réserve ! Dénonçons la violence qui nous est faite, à nous, à nos élèves et à leurs familles !
Non content de nous faire douter de nous-mêmes et ce, afin de garantir notre soumission, notre ministère veut à présent faire reconnaître publiquement le fait que nous, professeurs engagés et mobilisés contre la mise en place du « Bac Blanquer », soyons de dangereux agitateurs, des corrupteurs de la jeunesse. La stratégie de notre ministre est simple : afin de ne pas perdre la face après la mascarade de la mise en place de la première session des E3C, il faut à présent faire tomber des têtes à titre d'exemples afin que tout le monde rentre dans le rang. Pour cela, notre petit lycée Joseph Desfontaines de Melle est le lieu tout trouvé : c'est un petit lycée de milieu rural (où les risques d'émeutes sont inexistants) et qui se trouve, qui plus est, en plein milieu d'une académie (Poitiers) où la mobilisation est loin d'être aussi visible et étendue qu'elle ne peut l'être en région parisienne ou à Bordeaux. En somme, c'est le lieu idéal pour régler nationalement des comptes. C'est pourquoi nous sommes aujourd'hui trois enseignants à être convoqués, sur ordre de la rectrice : on nous soupçonne de faire du prosélytisme politique et de pousser la jeunesse à la révolte. Quelle belle interprétation du droit de grève ! Il ne fait aucun doute qu'ils tiendront nos revendications pour responsables de tous les débordements que leur passage en force, leurs violences administratives et policières ont enfantés.
Les sanctions encourues peuvent être très lourdes, il est fort envisageable que cela nous mène à une CAPA disciplinaire (comme c'est le cas pour Noël Bucher notre collègue de Dôle dans le Jura,suspendu 4 mois à titre conservatoire, que nous saluons ici), nous exposant à des sanctions de type 2 à 4, allant de la suspension conservatoire, à la mutation d'office voire à la révocation pour les sanctions de type 4 (voir htps://www.service-public.fr/partculiers/vosdroits/F510 pour tous ceux qui aimeraient avoir des précisions concernant ce type de procédures).
5 enseignants et 2 étudiants convoqués, mercredi 29 janvier, au commissariat de Clermont-Ferrand pour une enquête sur une " infraction d'intrusion non autorisée dans un établissement
d'enseignement". A Montauban, Lycée Bourdelle, 6 enseignants sont menacés par le recteur d'une peine pouvant aller jusqu'à un an de prison et de 7 500 euros d'amende pour avoir "perturbé le bon déroulement des E3C". Même menace du côté de Cahors, lycée Marot, 9 professeurs ont reçu un courrier similaire les accusant d'avoir failli à leurs obligations statutaires de neutralité en tant que fonctionnaires.
On ne sait finalement jamais à quoi s'attendre avec ce gouvernement qui n'a plus aucun complexe à faire preuve d'autoritarisme. Certes, personne n'est envoyé aux travaux forcés mais l'autoritarisme ne saurait être mesuré à la gravité de la sanction, mais à son imprévisibilité. Avec ce gouvernement, tout est envisageable car plus rien ne garantit sa conduite où ses réactions, pas même le droit ; ce gouvernement agit par « caprices », il n'est plus raisonné par la loi. Il est imprévisible et par là même, dangereux : nous le savons, ils n'hésiteront pas à piétiner le droit pour réinstaurer l'ordre, leur ordre.
C'est pourquoi il faut faire bloc « nationalement » et dénoncer de telles dérives partout où elles se produisent. La répression à Clermont, Dôle, Montauban, Cahors continuera peut-être à Melle… Si personne n'en est témoin, si personne ne s'en indigne, il est possible qu'elle se propage un peu partout ; l'enjeu est d'importance. Ne nous laissons pas isoler, ne les laissons pas mettre en oeuvre des règlements de compte locaux qui finiront par étouffer notre mobilisation. Vous, enseignants mobilisés de la France entière, vous devez être témoins de ce qui se passe ici car ils n'oseront pas nous sanctionner si des enseignants, de toutes les académies, font corps contre de telles méthodes de répression en les dénonçant. S'ils reculent ici, ils reculeront partout… Tout se fissure autour d'eux, ils ne savent plus quoi inventer pour contenir une situation qui à présent leur échappe ; nous avons les cartes en mains, c'est à nous de jouer maintenant !
Avec mes deux autres collègues, nous sommes en arrêt de service et notre convocation devrait être repoussée à la rentrée, à savoir à la semaine du 9 mars. Soyez vigilants et gardez un oeil sur ce qui se passe à Melle, nous avons à présent cruellement besoin de veiller les uns sur les autres.
Merci d'avance pour votre soutien,

Les professeurs convoqués (mais pas encore sanctionnés!) du lycée Desfontaines de Melle.

Source : https://www.facebook.com/events/1888553223361…